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Une amie a l’air tristounette : « Je me suis disputée avec mon mari », me dit-elle. « Ça se reproduit une fois par mois. Cela arrive quand il a eu beaucoup de déplacements professionnels pendant la semaine. Il a l’impression, quand il revient, que tout a déjà été prévu, et que la famille ne tient pas compte de lui. Je le comprends », admet-elle, « mais nous n’avons pas de solution et nous retombons toujours dans le même panneau. C’est déprimant. »
Dans la vie de couple, il est quasiment inévitable que se mette en place ce genre de scénario, que l’on rejoue plus ou moins souvent. Et il est très difficile d’atteindre ce moment crucial, où l’un des deux a la lucidité de modifier son rôle ou de dire stop à l’engrenage. Ce syndrome du scénario « foireux » se glisse dans tous les domaines, agenda, repas, éducation, sexualité, prière familiale…
Certains de ces scénarii durent des années et s’installent tellement dans la routine qu’on les remarque à peine. Chacun en souffre, mais le fatalisme l’emporte. On s’habitue. Implicitement, on a intégré le mantra inculqué dans toutes les formations à la vie de couple : « c’est une illusion de croire qu’on va changer l’autre. » Et nous oublions la deuxième partie de l’assertion : « la seule voie de changement est de changer soi-même ». Nous n’y croyons pas vraiment, parce que nous avons vaguement essayé et ça ne marche pas, et surtout parce que c’est un peu injuste à nos yeux de ne pas partager les efforts. Pourquoi devrais-je changer, moi ?
Quand l’un de nous deux a repéré un scénario, un double travail est nécessaire : personnel et commun. Personnellement, chacun peut chercher ce qui lui fait mal, mais aussi reconnaître humblement sa part de responsabilité. Il est rare de n’en avoir aucune. Ensemble, vient l’exercice de se dire les choses sans être accusateur, mais en allant au bout. Parfois, à force de ne pas vouloir blesser l’autre, je ne dis pas ce qu’il aurait besoin d’entendre. Il reste à écouter l’autre sans susceptibilité, et à rectifier ses fausses impressions. Il faut attendre parfois très longtemps la lumière sur cette crispation ou cette tension qui vient de loin, peut-être d’une blessure cachée et réactivée. Le sacrement de réconciliation peut contribuer à ouvrir nos yeux et guérir notre cœur, car Dieu nous comprend mieux que nous-mêmes. Alors peut apparaître le nouvel angle qui nous fera voir la situation complètement autrement et nous permettra de modifier notre attitude en profondeur.
Paru dans le magazine Famille chrétienne, janvier 2017.
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