©Thérèse Hargot
J’étais à une conférence de Thérèse Hargot pour la sortie de son livre Une jeunesse sexuellement libérée (ou presque).
Elle y dénonce la déferlante de la pornographie dans la vie de nos enfants et ados, le dictat du petit couple pour tous les jeunes, le mensonge de la définition réductrice du sexe à la jouissance au détriment de la relation et de la procréation, le devoir délétère de performance sexuelle, et j’en passe. La grande salle était bondée, avec une grande proportion d’étudiants.
Deux jeunes ont osé des questions et obtenu des réponses qui faisaient réfléchir. L’un d’eux disait : « Vous avez dit que ceux qui visionnent de la pornographie ne font pas toujours la différence entre ce qu’ils voient et la réalité. Je ne suis pas d’accord. Je regarde de la pornographie depuis que j’ai 12 ans, mais je sais très bien faire la différence entre les images et la réalité. Et je ne cherche pas à reproduire ce que j’ai vu. »
« Peut-être pas reproduire », lui fut-il répondu. « La pornographie n’impactera pas forcément la manière de poser les actes de l’amour (quoique). Mais elle instille l’idée que les corps de l’homme et de la femme sont des outils de jouissance avant d’être des personnes à aimer, à rencontrer. »
Sans dévaluer le plaisir, la conférencière reprochait à la pornographie sa vision utilitariste de la sexualité, qui lui ôte son vrai sens relationnel. Quant à l’autre jeune homme, il disait être gêné par la tenue trop dénudée de certaines filles, et questionnait la conférencière sur les critères de la pudeur.
La réponse n’a pas été celle qu’on entend habituellement dans les milieux catholiques sur l’éducation des filles à une tenue non provocante. Pour Thérèse Hargot, c’est à l’homme de réfléchir à sa réaction. Si une fille sexy le fait réagir, c’est qu’il la trouve belle. Quoi de mal à cela, finalement ? Un homme ne peut-il pas s’émerveiller de la beauté d’une femme, n’est-il pas capable de garder un regard respectueux, quand une femme lui plaît ?
Le discours sur la pudeur de l’habillement, qui demande aux femmes de respecter la sensibilité masculine en ne jouant pas la provocation, ne devrait pas dédouaner trop vite l’homme de son devoir de respect. Si le corps de la femme ne peut être vu autrement que comme objet de consommation, il faudrait réfléchir à la liberté de se mettre en maillot de bain sur une plage. Et finalement, rejoindre le point de vue musulman qui choisit de voiler la femme plutôt que de la respecter. Une femme même avec des habits couvrants peut faire fantasmer avec la finesse d’un poignet ou d’une cheville, et même avec son visage.
Notre sexualité est libérée, croyons-nous. N’empêche qu’hommes et femmes n’o nt pas fini de se questionner sur leur attirance mutuelle.
Chronique radio parue sur RCF Anjou
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