En écoutant la radio, j’ai entendu un écrivain interviewé expliquer qu’il ne voulait pas écrire sur ce qui le fait souffrir. Pour lui, la souffrance devait rester une affaire individuelle. Il ne voulait pas la faire peser sur les autres. Il est vrai qu’une personne sans cesse dans la plainte peut faire le vide autour d’elle, si elle refuse de faire sa part du travail intérieur nécessaire face au mal qui la touche. Taire une peine pour ne pas alourdir nos proches n’est-il pas un réflexe charitable ?
A l’inverse, le silence peut nuire à nos relations aux autres. Taire sa souffrance, c’est prendre le risque de ne plus être compris par l’autre.
Il y a donc bien un équilibre à trouver entre un isolement désespérant et une solitude de maturation. Benoit XVI dit : «Une société qui ne réussit pas à accepter les souffrants et qui n’est pas capable de contribuer par la compassion, à faire en sorte que la souffrance soit partagée et portée aussi intérieurement, est une société cruelle et inhumaine ».
Considérer que la souffrance doit rester solitaire est un principe fondé sur la force. La force n’est pas une source intarissable. Ne compter que sur soi peut mener au désespoir. Mais partager la souffrance, c’est prendre chacun sa part, ni plus, ni moins. Ce n’est pas se décharger égoïstement, ni se charger héroïquement. Porter la souffrance intérieurement, c’est accepter de la côtoyer en aimant et en se laissant aimer, selon les circonstances.
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