©Intouchables
Une amie me raconte que sa fille est rentrée d’une activité scoute, déprimée, lui disant qu’elle allait rater sa vie. Que s’était-il passé ? Cette jeune fille avait raconté son orientation vers un bac pro Accompagnement, soin et services à la personne. Réaction des filles de son équipe : c’est nul, tu vas devenir bonniche pour vieux et torcher des handicapés. Cet incident pose beaucoup, beaucoup de questions.
On peut se dire que ces jeunes sont dans le bon mouvement, car elles ont un grand besoin de comprendre ce qu’est vraiment le service. Le scoutisme est normalement un lieu où le service est au cœur de la pédagogie. Si elles sont chrétiennes, on peut espérer qu’à un moment ou un autre, elles entendront mais surtout se laisseront bouleverser par l’évangile où Jésus demande aux apôtres de devenir serviteurs et où il se met lui-même à genoux pour leur laver les pieds. Mais l’évangile, on peut encore le tenir à distance. J’espère surtout qu’elles rencontreront une personne fragile qui changera leur regard.
Je me pose des questions sur la manière dont on parle des métiers dans les familles. Sommes-nous des parents vraiment ouverts à tout, ou faisons-nous des rêves étroits d’enfants devenant uniquement avocats, médecins ou ingénieurs ? Avons-nous un discours qui subtilement, dans le ton employé, dévalue certains métiers ? Combien de fois mon frère garagiste n’a-t-il pas entendu la remarque qui se veut gentille, mais est en fait dévalorisante : y’a pas d’ sot métier?
Alors je voudrais rendre hommage aux jeunes de bac pro, dont les qualités, les dons et les compétences sont des trésors. Et qui en doutent parfois. Je voudrais rendre hommage aux métiers magnifiques de soin et service à la personne, qui, plus que les médecins, éclairent et changent le quotidien des personnes fragiles, dépendantes et rendent leur vie supportable. Et qui soulagent le fardeau de leurs proches qui peinent. Ces professionnels font de beaux métiers.
Quant à tous ceux qui, comme moi, n’ont pas le bon profil pour ces métiers, puissent les circonstances de notre vie nous mettre dans la situation de laver une personne dépendante. Pour ma part, à partir du jour où cela m’est arrivé, quelque chose a bougé en moi. Cela ne sent pas toujours bon peut-être, mais à ce moment-là, je ne me sens pas une bonniche, je ne torche pas, je deviens plus humaine. Je gagne ma propre dignité en contribuant à la dignité de la personne à qui je redonne une bonne odeur, le confort d’un corps soigné et valorisé, et la preuve que je l’aime.
Je sors de mes théories, belles idées et belles paroles et j’aime en actes. Ce n’était pas mon truc. Ce n’est peut-être pas votre truc. Ça peut le devenir.
Il y’a plusieurs années, dans le lycée bien chic de Quimper, un ado est tombé en jouant sur la rampe des escaliers, il a fait une chute de plusieurs mètres…
il est resté plusieurs jours dans le coma avant de partir au ciel.
Nous avons entendu à ce moment la un soulagement général de le voir partir rejoindre les anges, il était devenu un navet et jamais il n’aurait récupéré toute son autonomie, une vie perdue! ‘c’est mieux comme ca’
et oh…. et ceux qui restent, vous en faite quoi??
En tant que parent d’enfant fortement handicapé, nous avons été profondément choqué par cette réaction collective..
Non pas que nous désirions au fond de nous que les autres vivent et partagent notre quotidien, mais que le fait d’avoir une différence et des capacités qui n’entrent plus dans une norme vous place dans une case. et que cette case interdise toute « Joie de vivre ».
Le quotidien du prendre soin transforme petit à petit le soignant, le parent, le frère, la sœur.. son âme se remplit de cet Amour abondant, et alors, par quel mystère, ce que vous donnez vous rend plus humble et plus humain.
Non, soigner n’est pas être une bonniche, être au contact des vieux n’est pas une tare, être au contact des handicapés ne rend pas malade! c’est simplement vivre avec les personnes qui m’entourent… n’est ce pas aussi le but du scoutisme?
j’appuie l’hommage fait aux nombreux professionnels qui interviennent auprès des personnes plus faibles!
elles contribuent au bien être de notre société!
Merci pour ce bel article !
Petite coquille :
« mais surtout se laisseront bouleversées »
Merci pour la correction!
Merci pour cet article valorisant ceux qui font ces soins et ceux qui le reçoivent. Dommage que noys en soyons encore là dans ce monde qui n’accepte pas la différence, la maladie, l’accident et la vieillesse.
Merci pour cet article valorisant ceux qui font ces soins et ceux qui les reçoivent. Dommage que nous en soyons encore là dans ce monde qui n’accepte pas la différence, la maladie, l’accident et la vieillesse.